Année 2020: Année bizarre!

Pas de grands voyages en 2020.

L’année a été très bizarre, cette présentation le sera tout autant et c’est donc une narration très éclectique de quelques activités, du reste fort sympatiques, réalisées tout au long de cette période pour le moins cahotique,..

Covid oblige mais pas que !  L’année 2020 n’est pas à marquer d’une croix blanche.


Décembre 2019, janvier février 2020

Une fracture de la jambe mi novembre 2019 m’oblige à un premier confinement avec un beau plâtre.

Je suis libéré de mon sabot après 45 jours d’immobilisation, j’attaque ma rééducation par des séances de kiné que je complète par de petites sorties de VTTe et  promenades au départ de la maison. Les contreforts du Parc Régional de la Chartreuse avec les bois qui bordent la maison sont un terrain de jeu parfait, je vais donc re-parcourir les nombreux chemins que j’avais délaissés depuis déjà pas mal d’années.


Certains sont balisés d’autres pas, l’un d’eux passe même en bordure de la maison, non répertorié sur la carte il n’était plus pratiqué et j’ai dû dans un premier temps user du sécateur et de la serpette pour défricher une bonne centaine de mètres encombrée par les ronces et les petits arbustes avant de retrouver un bon sentier.


(Il reste encore du boulot pour le rendre visible).


Toutes les balades se passent en sous bois et c’est très agréable, ombragé et surtout très calme, en trois semaines de promenades, je n’ai rencontré que 3 promeneurs, dont 2 fois la même personne habituée elle aussi des lieux.
Par moment une petite éclaircie dans la végétation permet d’entrevoir la vallée au dessous du Chevalon de Voreppe
Comme ces sentiers étaient empruntés au siècle dernier par les habitants du village perché du Mt St Martin à chaque source, en général un abreuvoir avait été installé pour faire boire les bêtes et les hommes. Certains ont même été réhabilité avec captage de la source.
Autre curiosité, au temps très ancien (environ 100 000 ans) le glacier de l’Isère recouvrait la vallée de plusieurs centaines de mètres, quelques vestiges demeurent comme ce gros galet déposé par la dernière glaciation.

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Mars, avril , on change de confinement!

Une dernière visite début mars chez mon chirurgien, il me donne le feu vert pour toutes activités, nous sommes mi mars et je vais pouvoir me joindre à mes collègues qui ont organisé une semaine de skis de randonnées au départ de St Véran dans le Queyras. Cette formule est super car si je ressens quelques douleurs je pourrais m’adapter puisque cette année pas de refuge, un unique et même gîte dans le village. Le moral est au beau fixe avec cette perspective de reprendre le ski.
Mais ‘patatrac!, le 16 mars le gouvernement annonce un confinement très strict (une heure et un kilomètre pour un nouvel horizon sous contraintes), envolés les rêves de liberté, on devait partir le 18. C’est pour moi un deuxième confinement et je vais devoir me contenter de poursuivre mes balades au départ de la maison. Vu la configuration des coteaux  et la fréquentation quasiment inexistante sur ses chemins, les limitations de l’heure et du kilomètre autorisés ne sont pas au premier plan de mes préoccupations.

Description d’une balade : Top départ, je suis à 353m d’altitude, je descends par la route jusqu’au village ou plutôt jusqu’à la mairie du Fontanil (altitude 220m). De là un panneau invite à la balade, une partie de la mienne est d’ailleurs mentionnée sous l’intitulé ‘Randonnée jusqu’au Mont St Martin’.
Une piste bien ombragée part en direction du Rocher du Cornillon, emblème du village
700m plus loin au lieu dit « La Girodière » (alt 380m) je quitte la direction du Rocher du Cornillon pour obliquer sur la gauche en direction du Mt St Martin, le sentier est toujours excellent et ombragé.
Aux temps anciens ces coteaux exposés plein sud étaient habités, j’ai retrouvé une très vieille carte postale qui montre que des champs et alpages existaient sur ces pentes, quelques ruines subsistent encore.
Aujourd’hui les arbres, principalement des chênes ont pris possession des lieux pour former une forêt communale.
Mais cela fait plus d’un siècle que ces coteaux ont été désertés. Quelques petites clairières subsistent encore par-ci par-là et elles sont parfois encore utilisées par des apiculteurs pour installer leurs ruches.


Nous sommes dans un massif calcaire et la ligne de crête au jolie nom ‘Roche Traversière’’ se trouve presque 1000m au-dessus, la structure et l’inclinaison des couches sédimentaires font que l’eau ne manque pas dans ces coteaux, de nombreuses résurgences existent dans la vallée. Le nom du village Fontanil vient du vieux français ‘Fontus’ qui était un Dieu des sources. Comme sur les sentiers de mes précédentes balades c’est tout naturellement que l’on retrouve des abreuvoirs pour le voyageur.

Le sentier continue de s’élever et je me rapproche du village du Mt St Martin dont la limite de commune est gravée sur un arbre, probablement par les chasseurs. Les sociétés de chasse des deux communes ne sont pas à l’unissons et marquent jalousement leurs limites.
A l’altitude 787m je débouche dans la partie sud du village, je suis à 3,6km de mon point de départ.
Le village du Mt St Martin est assez étendu mais ne possède plus que 80 habitants, son habitat est éparpillé dans un bel amphithéâtre de verdure exposé plein sud. Il a eu un passé agricole plus florissant, actuellement la grande majorité de ses résidents travaille sur Grenoble et il est très difficile de trouver une vieille grange à retaper, on est à la fois si proche et si loin de Grenoble que le lieu est prisé.
Les bâtiments mairie-église forment un bel ensemble, sur la façade sud un joli cadran solaire vous donnera l’heure universelle.



Je suis au point haut de ma balade, il ne me reste plus qu’à redescendre en empruntant un sentier déjà évoqué en partie dans une balade précédente. Au départ il suit le ruisseau du Lanfrey qui se perdra un peu plus bas pour ne resurgir qu’au niveau du Fontanil (nous sommes dans un massif calcaire).

Résurgence du torrent du Lanfrey au niveau de la mairie du Fontanil.



Quelques jolis points de vue, sur les coteaux boisés, sur la ligne de crête de Roche Traversière et la vallée de l’Isère avec Grenoble en fond de tableau, de beaux murets et quelques passages plus étroits jalonnent la descente.



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Le beau mois de mai

Les jours passent et enfin le 11 mai la délivrance arrive.  Le 18 mai j’ai une ultime radio de contrôle, tout est parfait, aucune contre-indication.
Adieu l’horizon borné à un kilomètre, un coup d’œil sur la webcam installée au col du Lautaret me montre que le départ du Combeynot est encore enneigé, j’ai été privé de ski cette année, l’envie est trop forte d’autant plus que mon camping-car lui aussi perd patiente. Pas de collègue de disponible, tant pis j’irai seul car Monique ne veut pas m’accompagner.

Je quitte Grenoble le 20 en début d’après midi, direction la vallée de la Romanche, Bourg d’Oisans, la rampe des Commères,
Je passe La Grave encore endormie par le Coronavirus, les hôtels sont fermés et la télécabine des vallons de la Meije a rangé ses nacelles sur la terre ferme.
Villard d’Arène, un peu à l’écart de la route semble aussi en sommeil, ces villages résolument tournés vers le tourisme doivent beaucoup souffrir.


Arrivée au col du Lautaret, je me gare sur le terre-plein face au Combeynot légèrement encapuchonné.

La température est douce 17°C, deux fourgons passeront également la nuit, un cyclotouriste en mal de tours de roue et un jeune qui ira faire du kit-surf sur le lac de Serre-Ponçon.

Petite balade à pieds, le bistro et l’hôtel du col sont fermés, la route du col du Galibier également, mais pour d’autres raisons, (son déneigement a commencé coté Valloire, les engins de déneigement doivent à certains endroits faire une tranchée dans des congères qui dépassent encore les 7m d’épaisseur).


Je m’avance un peu en direction de la langue de neige la plus basse pour me faire une idée de la marche d’approche, celle-ci doit reculer d’une bonne dizaine de mètres par jour, voire plus. C’est ici que prend naissance la Guisane qui va rejoindre la vallée de la Durance vers le sud, quelques mètres plus à l’ouest, l’eau prendra l’autre versant du col pour alimenter la Romanche qui ira vers l’Isère, pourtant toute ces eaux sont issues du même névé.



Quelques parapentistes font de petits vols en partant du sommet de la petite bute du Serre Orel, le ciel semble se dégager progressivement, le journée de demain promet d’être belle, pour l’instant la soirée est douce et agréable, vive la Liberté!


La balade que je prévois de faire demain est une belle course de ski alpinisme, elle se déroule plein nord et ne se fait généralement qu’en fin de saison pour un maximum de sécurité une fois que toutes les pentes sont bien purgées. Elle est coté difficile et certaines pentes frisent les 40° surtout sous le sommet, mais je la connais assez bien pour l’avoir faite plusieurs fois, par contre étant seul et compte-tenu de mon état de forme, je sais que je n’arriverai pas au sommet. J’ai d’ailleurs décidé de ne pas y aller si par mal chance il n’y avait pas d’autres randonneurs en partance, mais de ce coté là je suis assez confiant car elle est très prisée.
Après une excellente nuit je prends le petit déjeuner à 6H45 et déjà les premiers skieurs arrivent, donc tout va bien. A 7H30 je quitte mon camp de base skis sur l’épaule et peaux de phoques collées sur la semelle.

La langue de neige est vite atteinte, il ne fait pas très froid et à défaut d’un fort regel, la neige est tout de même dure et bien portante, à cette saison c’est de la neige de névé, donc très compacte.
Dès que la pente se redresse, je mets rapidement les couteaux, c’est en quelques sorte l’équivalent des crampons qui permet d’avoir une accroche latérale du ski sur neige dure.
Première combe qui se redresse un peu sur son sommet, deuxième combe qui permet d’obliquer vers l’ouest. Les avalanches descendues des rochers qui forment un cirque ont bien été aplanies par le gel et le regel. La combe est bornée à l’ouest par une pente raide que l’on franchie en travers.J’atteins une nouvelle grande pente latérale qui surplombe en contre bas le vallon du Laurichard, également grande classique à skis qui reste longtemps enneigée avec son orientation nord-est. C’est aussi en été une très belle balade à pieds avec également un départ du Lautaret, la brèche terminale offre un point de vue magnifique sur la vallée du plan de l’Alpe et les massifs glacières de La Grande Ruine et de la Meije.
J’arrive au pied de la dernière combe qui monte tout droit jusqu’aux crêtes du Combeynot. Normalement, on atteint par une petite arête le Pic ouest (sur la gauche du col neigeux) qui culmine à près de 3200m, les dernières pentes forts raides se font souvent skis sur le sac et en crampons. Pour ma part, j’ai dépassé 2800m et je vais en restant là, d’une part parce que je suis assez fatigué, la neige n’est pas très bonne, très dure, encore gelée avec pas mal de coulées qui forment de vrais toboggans et l’autre raison, c’est que de nombreux skieurs plus véloces commencent à redescendre et je ne veux pas me retrouver seul.

J’enlève les peaux des skis et je redescends un peu profiter de la vue sur le massif de la Meije et la combe du Laurichard en contre bas. Au soleil, je me refais une santé tout en surveillant, bien sûr, les skieurs qui redescendent afin de ne pas me retrouver dernier, ce qui serait fort imprudent de ma part.

C’est avec de grandes précautions et un peu d’appréhension que j’ai entamé les premiers virages, la gamelle est interdite car je surplombe des barres rocheuses. Dans les combes la neige est plus douce et plus facile à skier, c’est même un vrai régal et c’est pour moi un réel bonheur de conclure ce qui sera ma première et dernière balade de la saison.

Arrivée au camping-car je téléphone à Monique pour la rassurer car je sais qu’elle était un peu inquiète, il est midi.

Voilà la conclusion d’une belle journée qui ouvre la porte vers un renouveau certain.
Sur le chemin du retour, je m’arrêterai plusieurs fois pour faire durer le plaisir, la Meije et le Rateau sont illuminés de soleil.

Sur l’autre versant de la vallée de magnifiques cascades dévalent à gros bouillons depuis le plateau d’Emparis.

Je rentre à regret sur Grenoble en ayant fait un joli pied de nez aux aléas de la vie et bien décidé à vivre de nouvelles balades. Je recommande très fortement à ceux qui passent par là, de faire escale au col du Lautaret, le cadre est exceptionnel, de nombreuses balades faciles permettront d’approcher la faune et la flore alpine.

Le Jardin Botanique Alpin du Lautaret installé au col est un conservatoire de la biodiversité végétale des montagnes du monde, une pure merveille. La meilleure période pour le visiter est fin juin début juillet quand l’ensoleillement est maximal et que la végétation explose d’exhubérance, la saison est courte pour toutes ces plantes de montagne.



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Les mois d’été arrivent, juin est là mais la vigilance covid reste de mise donc on se contentera de petites sorties en restant dans la région.

Nous irons passer quelques jours en Savoie, d’abord dans les Bauges autour de La Féclaz , paisible station  estivale et hivernale, mais très calme dans cette période bizarre.

Du sommet du Mont Revard, la vue est superbe sur Le Bourget du lac en contrebas

Les bords du lac d’Annecy sont toujours aussi plaisants.

Incursion dans les Aravis, au-delà du col de la Colombière où nous irons voir la Chartreuse du Reposoir occupée actuellement par des Carmélites, elle est située dans un écrin naturel assez exceptionnel.

Dans la région, les deux grosses stations villages du Grand-Bornand et de La Clusaz aux pieds des combes sont un peu tristounettes car beaucoup de commerces et d’hôtels sont fermés. On pourra quand même acheter le fromage emblématique de la région, le Reblochon avant d’attaquer  le col des Aravis

Il nous permet de changer de vallée en redescendant sur l’Arve dont les gorges sont fermées à cause de gros travaux. C’est donc par le col des Saisies que l’on va pouvoir atteindre le Beaufortin.

Passage quasi obligé par le village de Beaufort pour acheter du fromage.

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Déjà juillet, nous irons dans les Ecrins. Le dimanche 26 juillet, c’est la fête des guides à Ailefroide, petit hameau et centre d’alpinisme des Hautes Alpes, avec une cérémonie que je ne voulais pas rater, l’hommage à Jean-Michel Cambon, un collègue de mon club d’escalade, c’était un petit bonhomme, mais un grand alpiniste et surtout un équipeur hors pair de grandes voies modernes qui a énormément œuvré dans cette partie des Alpes du sud en créant d’innombrables itinéraires qui ont façonné la réputation de cette vallée et du massif de l’Oisans.

Il s’est tué juste avant le confinement dans la vallée du Drac près de Grenoble, justement en équipant une grande voie. La compagnie des guides des Ecrins voulait lui rendre un vibrant hommage tant son œuvre fut grande (40 ans de créations), ses cendres ont été dispersées dans ces Alpes qu’il chérissait.

Départ de Grenoble, jonction  à Vizille (N91) avec nos amis. Nous nous dirigeons vers les Hautes Alpes qui est ma région d’origine et que j’adore parcourir dès que je le peux. Premier arrêt au sommet du col du Lautaret face à La Meije et au Combeynot où une immense esplanade à 2050m d’altitude assure une fraicheur garantie, les camping-caristes ne s’y trompent pas, c’est une étape très prisée sur la route des grands cols des Alpes, il y a un peu plus de monde que lors de ma balade à skis. Pourquoi s’entasser alors qu’il y a de la place à l’écart avec en plus un panorama plus ouvert!

J’en ai déjà parlé, les balades petites et grandes sont nombreuses au départ du col, avec en prime le jardin alpin des montagnes du monde qui vaut vraiment une visite pour les passionnés de botanique.
En prenant de la hauteur, belle vue sur les glaciers de la Meije, on distingue au col en contrebas l’alignement des CC et le départ de la route du col du Galibier.

En redescendant le Lautaret on traverse les différents hameaux de la station de ski de Serre Chevallier qui sont très animés l’été, les touristes semblent au rendez-vous, passage à Briançon sans s’arrêter pour prendre le haut de la vallée de la Durance, puis la vallée de Vallouise. C’est la porte du Parc des Ecrins, ce parc National a vu le jour en 1973, c’est le deuxième créé en France après celui de la Vanoise qui date de 1963. Comme pour tous les parcs nationaux, la réglementation est très stricte à l’intérieur du parc, aucun chien, même tenu en laisse, interdiction de planter sa tente, le bivouac est autorisé en cas de nécessité absolue (course en haute montagne trop loin d’un refuge) mais le campement doit être nickel avant le levé du soleil, pas de cueillette, pas de feu, etc, etc..
Nous nous installons au camping municipal du hameau d’Ailefroide qui est le dernier habité dans le haut de la vallée (seulement l’été). Le cadre est magnifique, une très belle forêt de mélèzes apporte verdure et fraicheur, nous sommes à 1500m d’altitude.

C’est un immense camping de 17 hectares qui offre dans un site privilégié des emplacements libres, sous les mélèzes ou dans une vaste prairie, un vrai havre de paix avec une ambiance assez particulière.


 
Ce camping est très fréquenté, la moyenne d’âge est assez jeune et pourtant le calme règne, les gens ne sont pas là pour faire la ‘Teuf, mais pour la montagne, c’est assez cosmopolite et l’on ne parle que de montagne, randonnées, simples balades ou courses en altitude, varappe et escalade, chacun trouve ici son petit Everest et de quoi se dépasser ou simplement se faire plaisir. On croise en permanence les estivants, baudrier à la taille, sac à dos d’où dépassent cordes et piolets, certains ont d’étranges sacs à dos qui les font ressembler à des hommes sandwichs


Ce sont en fait des crash-pads, ces individus pratiquent l’escalade sur bloc rocheux de quelques mètres de haut mais terriblement difficile, ils n’ont aucun moyen d’assurance à l’exception de ce matelas qu’ils déploient à même le sol et qui amortira leurs chutes. Je ne pratique, ni n’aime cette discipline dont les mouvements doivent être très explosifs et fort aléatoires, la chute fait parti du jeu. Je qualifierai cette discipline de gymnastique pour équilibristes aimant les positions hasardeuses sur parois verticales, mais surement pas d’escalade ! Le bloc rocheux fait en général quelques mètres de haut, jamais plus de 5/6 mètres. Aucun des mouvements ne seraient tolérables en grandes voies tant l’exercice est aléatoire.
Après installation, petite balade dans le village et aux abords du camping, le programme : laisser couler le temps, prendre du plaisir à ne rien faire et profiter de ces instants magiques.


Le lendemain, c’est samedi et l’on a décidé de faire une grande voie d’escalade ouverte justement par notre ami Jean-Michel Cambon, il l’a baptisé « Ecrin total », elle est courte et située sur les contreforts du Pelvoux, secteur de la Poire, face qui tire son nom de sa forme, 200m de haut pour 7 longueurs pas trop difficile coté D+ (soit 5c+). Petit déjeuné aux premiers rayons du soleil, nos épouses feront de même mais un peu plus tard.


Une demi-heure de marche et nous voilà au pied de la voie. Bien que l’on ne se soit levé relativement tôt, de nombreuses cordées sont déjà engagées dans la voie, on hésite un peu de peur que sa bouchonne, la dernière cordée au dessus de nous a déjà parcouru deux longueurs, on décide de démarrer, le rocher est excellent donc le risque de chute de pierres est nul, et le tracé de la voie se décale constamment vers la droite.

Rapidement, nous rattrapons les deux cordées qui nous précèdent, elles sont très lentes et à la quatrième longueur sur un relai très confortable, elles nous permettent de les doubler. C’est deux cordées féminines avec un guide femme également que connait mon collègue. Pour assurer une progression facile de la deuxième cordée, la guide laisse pendre à pratiquement tous les points des sangles que récupère et remonte jusqu’au relai suivant la dernière grimpeuse de la dernière cordée, donc cela implique que les deux cordées se regroupent à chaque relai, d’où la lenteur de la progression. La descente se fait en 4 rappels de pratiquement 50m chacun et l’on arrive dans une petite gorge un peu au dessus du départ, là encore ça bouchonne un peu. Nous pensions être de retour vers 13H30 pour manger ensemble, nous arriverons au camping vers 15H, elles ont été sympa de nous attendre, nous n’avons plu qu’à mettre les pieds sous la table, merci !

La fin de l’après midi nous allons de nouveau balader au centre du village, au bureau des guides on prend connaissance du programme de la fête des guides. Nous discutons un moment avec Mathieu Carlhian président du bureau des guides qui est le neveu d’une ancienne copine de lycée de Monique, son grand père tenait un magasin de sport dans le village qui existe toujours. Etant étudiants nous louions ici notre matériel pour partir en montagne pour effectuer nos premières gammes d’alpinistes néophytes.
On termine l’après midi par une petite balade en bordure de la forêt de mélèzes.


La fête des guides dure toute la journée de dimanche, beaucoup d’animations avec initiations pour les enfants, connaissance du milieu et promotions diverses. Une exposition sur l’évolution des pratiques et du matériel utilisé est fort intéressante avec costumes d’époque. La traditionnelle messe avec bénédiction des piolets et cordes a lieu en plein air, ce n’est pas notre tasse de thé mais cela fait partie des rituels.

A 11H débute l’hommage à Jean-Michel Cambon, une souscription avait été lancée sur internet, elle servira à financer l’entretien de ses voies et la création d’un cairn stylisé (il représente un perforateur) devant la maison de la Montagne.

(Le guide Yvan Estienne himalayiste écrivain et cinéaste, Babeth l’épouse de Jean-Michel, son fils Sylvain et le président du syndicat des guides évoquent son souvenir)

Moment très émouvant avec rappel de sa vie, son œuvre, son caractère quelque peu anarchiste et anticonformiste mais toujours très attachant. La matinée se termine par un apéritif offert et possibilité de partager un barbecue, nous préférons manger aux camping-cars pour minimiser les contacts avec la foule
L’après midi, nous monterons (avec nos véhicules) au Pré de Madame Carle, terminus de la route, puis une petite balade à pieds en direction du glacier Blanc et du glacier Noir. A la fin du XIXème siècle, les deux glaciers se rejoignaient, ils se sont retirés depuis de plus de 700m (en dénivelé). Alors que le glacier Blanc est toujours resté immaculé, il contraste avec son jumeau le glacier Noir qui porte ce nom car il a toujours été recouvert en quasi permanence par les éboulements de ses versants latéraux issus du Pelvoux rive droite et des Ecrins rive gauche.
Destruction inexorable du massif et recul des glaciers !

Quelques semaines plus tard cette belle passerelle sera emportée par un très violent orage.

Nous n’en ferons pas beaucoup plus, demain nous rentrons sur Grenoble.

Un bien beau périple plein de nostalgie et de charme.

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Le mois d’août , c’est la canicule à Grenoble, le thermomètre sans battre des records frise avec les 36 degrés. Pas facile de bouger une paupière dans ces conditions.

Mi août, direction le Queyras toujours dans les Hautes Alpes à une grosse centaine de kilomètres de Grenoble, c’est une région que je connais bien pour y avoir fait plusieurs raids à skis, de la randonnée et de l’escalade.
Trajet classique, vallée de la Romanche, col du Lautaret avec petit arrêt pour une traditionnelle petite pause. Toujours beaucoup de monde, vélos, motards, voitures et camping-cars profitent des lieux. A Briançon nous prenons la route du col d’Izoard, magnifique route qui s’élève dans une belle forêt de mélèzes. La route est assez roulante, le bitume impeccable, il faut faire attention aux cyclistes qui dévalent à toute vitesse cette descente, grande classique du Tour de France. Petit arrêt au sommet du col 2360m pour admirer le point de vue et le spectaculaire passage de la Casse déserte, c’est un endroit à la beauté austère qu’il vaut mieux ne pas franchir en cas de très gros orages. Quelques belles pages du tour de France ont été écrites ici.

Une fois atteint le fond de la vallée où coule le Guil nous tournons vers l’amont pour passer Château Queyras dominé par son château dont les défenses ont été renforcées par Vauban comme beaucoup de places fortes de la région.

L’objectif était d’aller à Saint Véran se balader et faire de l’escalade au dessus du lac et du refuge de la Blanche. Une aire de camping-car existe à l’entrée du plus haut village d’Europe (2040m), mais à part la belle vue l’endroit n’est pas des plus pratique, c’est un simple parking ou l’on se range en position ‘passe-moi le sel’, pas très glamour. On décide donc de se poser plus bas dans la vallée au camping Le Gouret à Aiguille, il est situé en amont du village direction le fond de la vallée sur la route d’Abries et de Ristolas, il est au bord du Guil sous une belle forêt de mélèzes.
Les mélèzes sont des résineux qui perdent leurs aiguilles l’hiver, chaque printemps elles repoussent avec un beau vert cru qu’ils garderont jusqu’à l’automne et les premiers grands froids. Ces aiguilles offrent une belle ombre fraiche, elles sont de plus très agréables au toucher.

Pour rejoindre le refuge de La Blanche une piste praticable depuis St Véran permet d’atteindre la chapelle de Clausis, la piste est interdite aux voitures l’été mais une navette au départ du village permet d’en faire une bonne partie, ensuite une grosse demi-heure de marche pour atteindre le lac et le refuge de la Blanche, les voies d’escalade sont juste au dessus.


Renseignement pris au camping, le système de navettes entre les différents villages et points reculés des vallées ne nous parait pas très pratique pour les activités que l’on avait prévues. Escalade pour les messieurs qui rime avec levée tôt et balades pour les dames qui pensaient nous rejoindre pour le piquenique. On fait donc une croix sur l’escalade, ce sera balades pour tout le monde.

On arrive à prendre le repas du soir à l’extérieur, mais la petite laine est de rigueur pour supporter la fraicheur.

Le lendemain matin, petit déjeuner au soleil avant de partir balader, direction Abries par un beau sentier et route forestière bien ombragés qui longent le Guil.

Abries et à moins de 3 kilomètres, le village est très animé et les habitants ont décoré leurs maisons avec des figurines grandeur nature qui illustrent la vie pastorale.

Après avoir bu un rafraichissement au bistrot du coin, retour par le même itinéraire au camping pour le repas de midi (non, 15H !).

Donc pas d’escalade mais on décide quand même de monter avec un seul véhicule à Saint-Véran pour aller se balader en touristes dans ce village haut perché et tout en longueur. S’il n’y avait pas eu le covid, j’aurai dû venir au mois de mars faire ici une semaine de ski de randonnée, mais les événements en ont décidé autrement.
Pour la petite histoire, dans le passé, Saint-Véran et d’autres villages alentours étaient isolés les longs mois d’hiver.
L’habitat classique, c’est des maisons orientées plein sud à trois niveaux adossées à la pente de la montagne. Les animaux étaient au rez-de-chaussée, ils assuraient, en plus de la production du lait, une bonne partie du chauffage l’hiver, les gens habités à coté des animaux et au premier étage, encore au dessus se trouve la grange où était stocké le foin qui assurait aussi une bonne isolation.

Sur les façades des maisons étaient entreposé sur plusieurs rangées le bois pour l’hiver, il assurait lui aussi sa part d’isolation.
Si au cours de l’hiver on avait la mauvaise idée de mourir, il fallait attendre jusqu’au printemps dans la grange pour être mis en terre car le sol était trop gelé. La vie n’était pas très facile pour les habitants, j’avais une collègue qui faisait des études d’histoire. Elle avait fait un mémoire sur la vie des paysans de la vallée : les familles étaient nombreuses et le taux de mortalité pour les enfants en bas âge assez important. Si un enfant mourait, c’était le destin et une bouche de moins à nourrir, si une vache mourait, c’était une catastrophe car c’était une partie de la subsistance qui disparaissait.

Les mélèzes et la pierre trouvés sur place assuraient les principaux matériaux de construction, le bas des maisons étaient en pierre, le toit en lauzes ou en tavaillons, la grange et les bardages en bois, même les gouttières étaient creusées dans des bois de hautes futaies. La vie a bien changé et le village a évolué, c’est une petite station de skis encore très familiale avec des gîtes et même quelques hôtels et restaurants, mais des efforts sont faits pour préserver le caractère ancestral.
L’artisanat du bois est très développé, jouets et petits meubles, le pin cimbro une variété de mélèzes adaptée à l’altitude est très facile à sculpter.

On trouve par exemples six croix de mission, avec les instruments de la passion. Elles ont été érigées chaque fois qu’un missionnaire est venu dans le village évangéliser les « ouialles », une belle église et un four à pain est encore en activité. Le pain n’était cuit que 3 ou 4 fois par an, celui de l’automne durée tout l’hiver, il devenait tellement dur qu’il était émietté dans la soupe au lard.
J’aime bien l’atmosphère de ces hauts lieux et nous prenons notre temps jusqu’à ce que la fraicheur nous incite à retrouver notre camping à la nuit tombante.

Le lendemain matin, nous décidons d’aller nous balader au col Agnel. Nous quittons le camping en milieu de matinée. Sur la route du col, un peu avant Molines une superbe demoiselle coiffée se dresse fièrement de l’autre coté du vallon.


Le col Agnel 2740m permet de passer en Italie et de rejoindre la plaine du Pô. Beaucoup de touristes au col, surtout des Italiens, Turin n’est distant que d’une centaine de kilomètres. Nous nous garons un peu en contre bas du col coté français au niveau du refuge du col Agnel (2580m). Il est très facile d’atteindre le Pain de sucre, énorme taupinière qui culmine à plus de 3200m c’est notre objectif. En partant du col c’est moins de 500m de dénivelé, nous en ferons un peu plus car nous sommes garés au niveau du refuge en contre bas. Un beau sentier s’élève dans les alpages jusqu’au col Vieux 2800m.

Ce sera le point haut atteint par nos épouses, beau point de vue sur le lac Foréant et la paroi de La Taillande parcourue par quelques voies d’escalade toutes en dalles. Nous apprendrons le lendemain matin qu’un sauvetage par l’hélicoptère de Briançon a eu lieu dans la nuit. A la sortie des voies, il faut parcourir l’arête de droite et redescendre par une sente mal commode, la cordée s’est égarée à la descente et s’est trouvée bloquée, sans doute à cause du brouillard et de la pluie tombée en fin de soirée, ils ont dû appeler les secours qui sont intervenus avec le projecteur de l’hélico en pleine nuit.

Du col Vieux, la sente s’élève en continu jusqu’au sommet. Je comparerai le Pain de sucre à un énorme cairn composé de petites dalles instables, le problème c’est qu’il y a des sentes dans tout les sens et il est très facile de s’égarer de l’itinéraire principal, surtout à la descente au risque de se retrouver piégé dans des zones dangereuses sur des empilements instables et abrupts. Sur quelques dizaines de mètres de la partie sommitale il faut être un peu plus d’attentif car le sentier disparait remplacé part des dalles avec quelques marques de peinture où il faut par endroit mettre un peu les mains, mais rien de compliqué par temps clair et sec.

Nous ne trainons pas trop car le mauvais temps semble s’installer dans la vallée du Pô et des nappes de brouillard enveloppent par moment le sommet.
Brève halte au sommet et retour vers le bas où nos épouses ont déjà rejoint les camping-cars, la table sera prête, Merci mesdames ! Le brouillard recouvre déjà le pain de sucre, sur le chemin du retour, quelques nappes de brouillard nous enveloppent par moment, les retardataires devront être un peu plus vigilants. En fin d’après midi une petite ondée rafraichira fortement l’atmosphère.

Il ne nous reste plus qu’à rentrer sur Grenoble, petit arrêt à Château-Queyras pour acheter des tommes et du fromage bleu de fabrication locale. Ce ne sont pas de grands fromages mais c’est toujours agréable.

Nous reprenons l’itinéraire inverse mais au lieu de reprendre le col Izoard nous descendons toute la vallée du Guil jusqu’à Guillestre avant de remonter jusqu’à Briançon et le col du Lautaret où nous nous arrêtons pour le repas du soir avant d’atteindre Grenoble un peu après minuit.
C’est en franchissant le défilé des gorges du Guil, que l’on comprend mieux pourquoi les habitants de ces hautes vallées étaient isolés les longs mois d’hiver.
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Eté indien en octobre.

Pour terminer la saison des balades en camping car et ne pas être en manque d’escalade, nous irons toujours avec nos amis passer quelques jours à Orpierre, toujours dans les Hautes Alpes  et nous nous installons au camping des Princes d’Orange fort bien situé juste au dessus du village avec une vue magnifique sur la falaise du Quiquillon. Nous sommes déjà fin octobre

Nous profiterons des belles couleurs d’automne et feront quelques voies d’escalade.

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Quand le temps le permettait, j’ai également pu pratiquer ma passion pour l’équipement de voies d’escalade, principalement sur les falaises de St Egrève où l’on a pu terminer avec Bernard plusieurs chantiers avec pas moins de six nouvelles voies créées

Nous avons aussi lancé un beau  projet, l’équipement d’une grande voie dans Belledonne, à Chamrousse dans l’aiguille de la Lessine, secteur des lacs Robert. Nous avons profité de l’ouverture en été de la télécabine jusqu’à la croix de Chamrousse pour minimiser le portage des sacs remplis de matériel. Thierry a pu avec son drone parcourir toute la falaise pour déterminer par où passerait l’itinéraire car nous voulions équiper la voie depuis le bas, ce qui est à la fois plus dur mais plus exitant.

Mais comme tout n’est jamais simple, un nouveau confinement, nous tombe dessus dès la fin novembre, certes plus light mais confinement quand même et pour moi, ce sera le troisième en 12 mois… 2020 ne sera pas une année florissante, les prévisions de grands voyages auront été réduits à néant, pas de Maroc dont l’accès en camping-car n’est plus possible actuellement ni pour les mois à venir, oublié les pays Baltes et les pays Scandinaves espérés, tout se reporte sur 2021 ‘Inch Allha .
Pour l’instant, plus beaucoup d’activité ni visites pour préserver notre âge et notre fragilité telles que définis par nos chères autorités, et oui, hélas nous avons passé le cap des 75 !!!

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2 réflexions sur “Année 2020: Année bizarre!

  1. Bonjour,
    Il est beau ce Blog WordPress ! Bien construit et bien agencé. On a envie d’y passer du temps.
    Vous êtes plus grand voyageur que moi car je me suis contenté d’un voyage en Italie, à part le Maroc.
    Vous êtes plus montagne et nous plus mer et c’est forcement lié à notre lieu d’habitation, mais la montagne est vraiment belle et je devrais un peu plus en profiter.
    Vous avez cumulé les soucis cette année 2020 mais peut être valait il mieux que ce soit ainsi. Çà me rappelle 2018 quand j’ai été privé de Maroc parce que j’ai failli me trancher le pied gauche avec un Lapidaire (hai hai hai !!!).
    Bonne année à vous, en souhaitant que la sérénité l’emporte enfin.

    • lafetola

      Bonjour Marc,

      Merci pour ces commentaires élogieux.

      Etant natif des Alpes, c’est vrai que la montagne a tenu une grande place dans ma vie, mais j’aime bien aussi la mer en pratiquant un peu la voile.
      J’ai avant tout fait ce blog pour conserver une trace du passé, je suis d’ailleurs frustré car le témoignage de mes activités anciennes est sur diapositives ou papier donc difficilement numérisable. Ce blog reste d’ailleurs assez confidentiel puisqu’il n’est pas indexé par les moteurs de recherche.

      J’aime bien le Maroc, et c’est un dilemme pour moi car la période favorable correspond aux activités liées aux skis. J’espère pouvoir y retourner début 2022, peut être aurons nous l’occasion de se croiser et d’échanger de vive voix.

      Meilleurs pour l’année 2021 et vive les balades en camping-car
      Très cordialement
      Henry

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