Hiver2020/21: Covid, stations de ski fermées versus ski de randonnée.

Pour être bizarre, cet hiver 2020/2021 aura été bizarre. Les quantités de neige tombées en montagne annonçaient une saison hivernale exceptionnelle pour les amoureux du ski alpin et nordique. Mais cette foutue épidémie du covid19 aura tout chamboulé au-delà des prédictions les plus pessimistes.
Dès le mois de décembre les autorités annonçaient la non ouverture des stations de skis au moins jusqu’en février, bien que ce soit un peu incompréhensible si l’on estime qu’il n’y a pas sport plus ventilé que le ski, on pouvait penser que cette mesure devait permettre de sauver les vacances de février en prévoyant un repli de la pandémie. Que nenni, il n’en fut rien, les téléskis et nacelles des télésièges sont restés immobiles figés dans le froid du grand manteau blanc.

Pour ma part cela ne m’a pas beaucoup gêné car adepte de la peau de phoque, mais pour les autres, quelle frustration, sans compter la perte économique dans ce secteur d’activité.
Toutefois  conscient de l’appel des grands espaces pour bon nombre de skieurs privés de remontées-mécaniques et des risques d’insécurité induits sur ceux qui pourraient s’aventurer sur des secteurs non surveillés les autorités ont voulu canaliser au maximum cette catégorie de pratiquants. Il a été demandé que quelques pistes de skis soient damées avec une veille sécuritaire par quelques pisteurs secouristes, charge aux amoureux de la glisse de porter leurs skis sur l’épaule ou de se mettre à la peau de phoque en restant sur des domaines surveillés.

Bon nombre de stations se sont transformées en terrain de jeux hivernal non mécanisé mais bons-enfants.
De nombreux adeptes sont partis à l’assaut des cimes avec tous les moyens disponibles, skis de rando bien sûr, mais aussi skis sur le sac, raquettes, luges, pelles à neige, j’ai même vu des VTTistes (électriques) avec d’énormes pneus monter puis dévaler les pistes.
Malgré les recommandations diffusées dans les médias, certaines personnes se sont faites surprendre en s’aventurant un peu imprudemment en dehors du domaine, en cette période la nuit tombe vite et les secours ont dû  intervenir à plusieurs reprises pour récupérer des égarés peu habitués.

Le ski de rando a ainsi connu un énorme succès qui devrait perdurer au-delà des restrictions. Les magasins spécialisés ont été dévalisés de leurs stocks de skis équipables de peaux de phoques, raquettes et skis de fond. Plusieurs de mes collègues guides et moniteurs de skis ont eu énormément de demandes pour de l’initiation aux skis de rando et la pratique de recherche de victimes d’avalanches, ce qui effectivement est le B.A-BA. avant de partir sur les domaines vierges.

Même les jeunes enfants étaient demandeurs et ce sont les papys les papas et les mamans qui s’y sont collés en jouant les bêtes de somme pour leurs plus grands plaisirs. Ma petite fille (6ans) m’a téléphoné en me disant ″Papy je veux faire du ski de rando avec des copines, mais j’ai besoin de toi…″.
Equipés de nos skis de randonnée, donc avec des peaux ‘de phoques’ sous les semelles des skis pour la montée, nous tirons les enfants au bout d’une longe. Mon fils s’occupant du reportage photo pour immortaliser la scène.
Ces enfants ont vraiment de la chance, mais le papy aussi.
Ce sont des journées à ne pas louper, neige extraordinaire, décor fabuleux, cris d’enfants enthousiastes.

Certaines micros stations ont pu faire marcher leurs tapis-roulants, comprenne qui pourra car bizarrement ce sont uniquement les engins autotractés et autoportés qui étaient interdits. Grand bonheur pour les enfants en apprentissage, c’était le cas au col de Porte et notre petite fille en a aussi profité.

Les domaines nordiques ont également pu ouvrir et leur saison a été également très bonne.

Pour ma part j’ai pu faire une quinzaine de balades, cela n’a pas été de très longues chevauchées car les années pèsent mais je suis assez satisfait. Proximité oblige, je suis souvent monté à la Croix de Chamrousse, sommet de la station de ski du même nom que l’on pourrait qualifier de station de banlieue grenobloise (massif de Belledonne),

mais pas que!

Avec des collègues, nous avons-nous aussi initié des skieurs de piste à la rando,  nous sommes montés dans le Vercors au dessus de Lans, c’était pour eux une première mais malheureusement il y avait un vent à décorner les bœufs…. Ils ont quand même été conquis et ont poursuivi par eux-mêmes les jours suivants, leurs équipements avaient été achetés pour la circonstance et je crois qu’ils ont bien commencé à les rentabiliser…

Il faut profiter de chaque  journée de grand beau temps, surtout après une bonne chute de neige, c’était la situation idéale ce mardi 26 janvier en Chartreuse. Coup de fil à quelques amis, nous sommes quatre disponibles, nous prendrons 2 voitures pour éviter trop de promiscuité dans un seul véhicule.
Depuis Grenoble nous prenons la direction Saint Pierre, par le col de Porte, la route est un peu glissante et demande un peu de précaution avant d’arriver au village bien endormi sous une épaisse couche de neige.

 Cette petite station de moyenne altitude (je dirai même de basse altitude, nous sommes seulement à 900m) souffre beaucoup depuis pas mal d’années d’un manque d’enneigement chronique et comble de malheur pour cette année très enneigée c’est le covid qui la prive d’une bonne saison.


Objectif du jour, monter avec à la Scia et profiter de l’arrêt des remontées mécaniques pour emprunter les pistes de skis désertées de leurs traditionnels skieurs.
Nous nous élevons rapidement au dessus du village, le spectacle est de toute beauté et bien qu’habitué je suis toujours ébloui par ce décors féérique que produit la neige en montagne, il faut dire que cela fait plus de 30 ans que je n’avais pas foulé ces pentes.

Bien que nous ne soyons pas les seuls, il faut quand même faire la trace dans la belle poudreuse de la nuit qui a recouvert les traces de la veille, cela fait aussi partie du charme de ce type de balade.

Après 750m de dénivelé, nous atteignons le sommet des remontées mécaniques et le gite étape de La Scia endormi. Nous avons une belle vue sur l’envers de la Dent de Crolle et le col des Ayes. En contre bas c’est le vallon de Perquelin avec les sources du Guiers bien connues par les spéléos.


Encore une grosse centaine de mètres et nous atteignons la crête par une belle pente gavée de neige, nous sommes à 1800m, on ne peut pas monter plus haut !

Il ne reste plus qu’a redescendre dans une neige trafollée, il aurait fallu partir plus tôt pour avoir une neige vierge. J’ai bien fait des vidéos de notre descente mais malheureusement je ne sais pas les mettre sur mon blog car mon hébergeur ne les accepte pas!

Voilà une bien belle journée, nous attendrons encore un peu l’évolution du manteau neigeux pour s’aventurer dans des secteurs plus sauvages sans risquer d’allonger la liste des randonneurs victimes de leurs imprudences en zones avalancheuses fort nombreuses actuellement, prudence et sagesse…

Les semaines s’égrènent avec une alternance de conditions bizarres, redoux significatifs avec foen et sable du sahara qui jauni le beau manteau blanc, recul du manteau neigeux en face sud, nouvelles chutes de neige, bref on s’adapte et profitons de la moindre occasion pour sortir. Je pense que l’on a bien tiré notre épingle du jeu et je suis globalement satisfait de la saison avec une quinzaine de balades réalisées. Nous aurons fait des incursions dans les massifs environnants Grenoble, Belledonne, Vercors et Chatreuse bien sur mais aussi la Maurienne (où les faces sud étaient bien déneigées et obligaient un portage pour regagner les voitures), le massif des Rousses, l’Oisans du coté du Lautaret pour terminer par le Laurichard.

Patatrac, le 2 avril reconfinement, probable clap de fin pour une saison raccourci pour le ski de rando. Quoique! Ayant fait cette réflexion à mon collègue à qui j’envoyais une dernière photo, il m’a répondu par sms en m’invitant à noter dans mon agenda : jeudi 29 avril 6H Combeynot/col du Lautaret, je lui ai répondu ″chiche″ et j’ai coché la date (les 4 semaines de confinement devraient être derrière)!

Avec les limites de circulation dans un rayon de 10 km, retour en plaine, adieu le ski, j’avais également envisagé de partir quelques jours  en cc, c’est râpé pour l’instant. J’ai enfourché mon VTTe pour des balades sur la piste cyclable le long de l’Isère et les petites routes environnantes,  on peut théoriquement faire 40 km en parcourant les deux sens opposés en AR, mais avec le mal aux fesses, la limite est acceptable et encore avec l’aide du VTTe, mais bon, ce n’est déjà pas si mal.

Promenade bucolique avec de beaux payasages sur les versants de la Chartreuse Sud et du Nord Vercors. Contraste saisissant pourtant trois jours seulement nous séparent de la dernière balade à skis.

Mention spéciale pour être notée, une petite aire de repos a été créée sur le  parcours avec tout le confort, bancs, tables, wc et prises électriques pour recharger vélos et smartphones (c’est le grand luxe).

A bientôt pour la suite…

Catégories : Balades en montagne, ski et alpinisme, Toutes catégories, Uncategorized | Poster un commentaire

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