Eté 2022: A la recherche d’un peu de fraicheur

Juillet 2022, la canicule sévie, la cuvette Grenobloise est devenue irrespirable, sitôt levé le soleil darde si fort qu’il est pénible voire impossible de rester à l’extérieur.
Les périodes torrides semblent se succéder sans faiblesse, rester affalé sur son divan sans rien pouvoir faire en journée, mal dormir la nuit, culpabiliser en prenant des douches plusieurs fois par jour, nous incitent à rechercher ailleurs des températures plus clémentes et des fraicheurs nocturnes.

Mi juillet, nous voilà parti  vers le nord en direction du Jura, des Vosges et au delà. Sans itinéraire bien défini, le programme est à batir avec pour seule idée directrice, atteindre des latitudes et altitudes plus propices à notre quête de fraicheur.

Le Jura n’est pas très loin de Grenoble, fidèle à nos habitudes, nous privilégions les petits axes. Sitôt la maison quittée nous obliquons sur notre droite plein Nord  pour longer les contreforts ouest de La Chartreuse, St Laurent du Pont, Les Echelles en direction du lac d’Aiguebelette.  Magnifique lac au pied du Mont du Chat, Chambéry est de l’autre côté, ce lac est privé avec son corolaire: difficultés d’accès, surtout en camping-car. Quelques plages sont accessibles mais les parkings sont bondés en période estivale. Nous poursuivons vers le nord pour atteindre la vallée du Rhône au niveau de Yenne. Le Rhône n’est déjà plus une grosse rivière mais un petit fleuve qui a des difficultés pour se frayer un chemin entre les Monts du bas Bugey et les Monts de Charvaz où se trouve la magnifique abbaye de Hautecombe qui se mire dans le lac du Bourget. Arrêt à Chanaz que nous aimons beaucoup, situé au bord du canal de Savières, l’endroit est très calme et agréable, de petites embarcations se baladent avec lenteur  sur son cours d’eau paisible dont il est très difficile de savoir dans quel sens il coule.

En effet c’est l’émissaire du lac du Bourget qui le relie au Rhône, sa particularité vient du fait que son cours peut s’inverser en fonction de la hauteur des eaux du Rhône. En période de hautes eaux  le cours d’eau change de sens et le niveau du lac du Bourget peut s’élever sensiblement.

A Culoz nous passons sur la rive droite du Rhône, je ne sais pas où commence exactement le Jura, en principe nous sommes toujours dans le Bugey mais les montagnes  sont déjà toutes orientées Nord Sud, montagne du Grand Colombier, montagne du Gros Foug entres lesquelles le Rhône a forcé le passage. Nous doublons Génissiat barrage de basse chute, souvenir de mes manuels de géographie d’ado. A Bellegarde on peut enfin dire que l’on est pleinement entrée dans le Jura. Nous longeons par l’ouest le bien nommé Monts du Jura avec le « Crët de la neige » point culminant du massif. Petit virage à droite pour monter au sommet du col de la Faucille à 1300m. Petite station moderne sans doute très prisée par les Genevois qui se trouve à moins de 30 km de là. Les parkings sont vastes, très natures, non goudronnés et boisés. L’endroit, très calme, est idéal pour profiter de températures plus clémentes.

Nombreuses balades faciles sans nécessairement prendre la remontée mécanique qui monte au sommet du Mont Rond 1600m d’où une vue à couper le souffle permet de surplomber Genêve et le lac Léman. Les nuits sont fraiches, une petite couverture est même appréciable en deuxième partie de nuit.

Nous poursuivons avec le même cap, les Rousses, charmante station et aussi un haut lieu du fromage Comté, je crois que c’est ici que se trouve les plus grosses caves d’affinage mais nous ne les visiterons pas seulement quelques achats pour notre consommation à venir.
En regardant le tour de France vélo, j’avais vu de magnifiques prises de vue du lac de Joux, nous y sommes à deux pas, il suffit de seulement franchir la frontière Suisse (sans s’en rendre compte) pour le longer. A son extrémité Nord la coquette station touristique « Le Pont »  semble très prisée sous ce beau soleil de juillet. En arrivant à Pontarlier on peut admirer le Château de Joux qui domine la vallée et protège l’entrée de la ville par la Cluse du même nom.

Quelques kilomètres plus loin, une curiosité naturelle, la Source de la Loue, mais avant d’y arriver, toujours en quête de fraicheur nous montons dormir au-delà de Rénadale sur un belvédère en cul de sac, « le Point de vue du Moine » qui domine les gorges de Nouailles.

Beau promontoire sur le bord d’une falaise où semble-t-il les grimpeurs pratiquaient l’escalade interdite aujourd’hui car colonnisée par de nombreux rapaces. Plusieurs  sentiers longent le haut de la falaise pour de petites balades matinales.
Nous arrivons tôt le matin sur le petit parking des sources de La Loue, sage précaution car à notre retour de nombreuses voitures sont obligées de faire demi-tour par manque de place. Il faut dire que le site est assez impressionnant. Nous sommes en période de sécheresse et pourtant le débit est surprenant. Caverne de 60m de large et 30m de haut, au pied d’une paroi rocheuse de 100m de haut. Je ne sais pas si c’est une vraie source ou une résurgence du Doubs qui pourtant coule à une trentaine de kilomètres de là. Bel exemple d’une magnifique Reculée qui caractérise le massif jurassien. Un sentier très bien aménagé permet de longer l’aval de la rivière en découvrant les prises d’eau et autres ouvrages construits par l’homme depuis les temps anciens pour tirer profit de cette force motrice.

La vallée de la Loue est paisible et offre de charmants coins des plus paisibles.


Arrêt à Besançon pour une visite de la Citadelle qui se mérite, un dénivellé de 120 mètres de marches pour l’atteindre, heureusement très ombragées.

Poursuite vers le Nord-Ouest en direction des Vosges toujours par de petits itinéraires qui permettent de découvrir quelques petits villages de notre belle France. Guide du routard sur les genoux, Monique pointe le village de Ronchamp avec une curiosité mondialement connue (pas de nous, quidams incultes !) la chapelle Notre-Dame-du-Haut construite par Le Corbusier et inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, située au sommet d’une colline nous trouvons un lieu charmant ombragé et bucolique, il n’en faut pas plus pour faire une halte après une journée de route. C’est un lieu sacré depuis l’antiquité devenu site de pèlerinage.
De nombreux chemins rayonnent tout autour permettant de belles balades. Le site de la chapelle est clos et il faut s’acquitter de quelques euros pour y pénétrer, il abrite outre la chapelle, des bâtiments pour les pèlerins, et un monastère de Clarisses très intégré dans le paysage avec des toits plats végétalisés. L’œuvre de Le Corbusier est magnifique (façade principale malheureusement masquée par un large échafaudage), d’une modernité qui détonne, normal lorsque l’on connait l’excentricité du bonhomme. En ce dimanche matin, c’est bien la première fois qu’il nous faut  payer pour ‘assister’ à un office religieux !!! mais le décorum est bien présent et nous ne regrettons pas notre obole.

Nous ne sommes plus très loin des Vosges, je crois même que Ronchamp est une porte d’entrée du Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges, et ils sont nombreux, tous les sommets ronds s’appellent Ballon de … un peu comme dans le massif central avec les Puys. Le Ballon d’Alsace que nous atteignons par une longue route sinueuse à souhait s’élève jusqu’à 1200m environ. Les sommets ne sont pas très haut comparés à nos Alpes. Les nombreux touristes semblent prendre beaucoup de plaisir, ils sont venus comme nous  profiter de la relative fraicheur et admirer les magnifiques paysages, véritable patchwork de forêts et d’alpages.
Ensuite, ce sera le Grand Ballon 1425m, point culminant des Vosges, superbe 360° depuis le sommet, la plaine d’Alsace et le Rhin vers l’est, les lignes de crêtes vers le nord  et le sud, à l’ouest de magnifiques vallonnements également.
La route des crêtes est très agréable, même si je ne suis pas sûr qu’elle suive vraiment la ligne de crête. Paradis des cyclistes, elle est jalonnée de petites stations qui ont pratiquement toutes une remontée mécanique ouverte pour permettre aux vététistes d’en dévaler ses pentes. Le Honeck perché à 1360m offre également un belvédère remarquable sur 360°. Du col du Bonhomme, lui aussi hyper fréquenté, nous allons plonger vers St Dié et s’éloigner progressivement des Vosges.

Quand j’ai mentionné en début de narration que nous n’avions rien préparé, nous avions quand même pointé Verdun. Deux de nos grands pères ont participé à la bataille de Verdun, l’un en est revenu avec une jambe en moins, l’autre a eu plus de chance. Les deux nous ont raconté leur guerre quand nous étions enfants et nous voulions aller voir ! Verdun n’est pas une jolie ville, mais son passé a été mis en valeur  pour ne pas oublier. Sa citadelle, l’ossuaire de Douaumont très poignant, l’enfer des forts Douaumont, Vaux et bien d’autres, la tranchée des baïonnettes et son histoire, les villages anéanties dont il ne reste rien,seulement quelques stèles et pancartes indiquent l’emplacement des rues et des maisons, les mouvements de terrains meurtries par les combats frappent l’imaginaire. Plusieurs millions d’obus ont été balancés sur quelques kilomètres carrés, soit plus d’un par mètre carré. Folie des hommes, on aurait pu penser que cette barbarie aurait été la dernière….

Un petit moment de douceur, nous avons visité la dernière usine française  de dragées : « Verdun, Dragées Braquier « . C’est à souligner, car l’usine accueille avec bienveillance les campings caristes pour une halte sympathique, toutes les facilités sont à notre disposition. Nous avons pu discuter avec la patronne, une charmante dame et une personne simple qui visiblement adore son métier. C’est avec grand plaisr que nous avons fait quelques emplettes.

Reims n’est pas loin et nous ne connaissions pas, la visite de la cathédrale s’impose, elle nous permet de se mettre dans les pas de Clovis et des Rois de France, ça fait quand même partie de notre histoire.

Par contre pas de visite des caves de notre breuvage national, ni à Reims ni à Epernay, nous négligeons cet emblème de la France. Direction vers le sud à St Dizier, nous longeons le lac de Der, grande réserve ornithologique et lieu de repos de nombreux migrateurs ailés.
Nous nous rendons compte que nous ne sommes pas très loin de Colombey les Deux Eglises, petit crochet pour aller découvrir la Boisserie, pas mal mon Général!


Plus au sud, voici Dôle dont nous gardons un excellent souvenir d’une escapade précédente, nous connaissons maintenant tout sur le quartier des tanneurs et sur son Grand Homme Pasteur. Natif des lieux, chimiste de formation il s’est affronté durement avec le corps médical de l’époque pour faire valoir ses idées: hygiène, pasteurisation, étude des fermants, vaccination. Sa maison natale a été transformée en musée. La collégiale Notre Dame est très belle, nous avons eu la chance de la visiter alors que l’organiste faisait ses gammes…

Voila notre balade dans l’est de la France, après une petite coupure, nous reprenons la route en direction de Chartres,  l’aire de camping-cars n’est pas proche du centre, mais s’y rendre à pieds est tout à fait possible, entre 20 et 30 mn d’une bonne marche.


Très jolie ville avec son cœur historique se développant autour de sa cathédrale joyeux de l’arc gothique flamboyant. La restauration de l’intérieur est une réussite, quelques parties ne le sont pas, sans doute à dessein. Les vitraux sont époustouflants,  le Tour du Cœur est sûrement un ensemble de sculptures unique au monde, 6m de haut, plus de 100m de développé, un enchantement visuel, des siècles de travail et de ferveur.

Les températures restent élevées, dans notre quête de fraicheur un nouvel objectif, retrouver le bord de mer, direction la Normandie. En chemin, dans l’Orne, nous pouvons admirer le Haras National du Pin où des épreuves équestres prenaient fin.

Nous ne nous attardons pas à Caen que nous avions déjà visité par le passée. Depuis Ouistreham, nous longeons la côte de Nacre vers l’ouest, beaucoup de monde qui comme nous profite d’un air agréable en parcourant les célèbres plages du débarquement. Nous ne ferons pas trop de visites de ces lieux de mémoire que nous avions visité il y a une dizaine d’années, mais plutôt l’éloge de la lenteur et du ‘prendre son temps’ en profitant du bord de mer. Nous avons retrouvé à l’intérieur des terres un producteur de cidre qui s’est converti au bio, à l’époque avec sa camionnette il nous avait directement proposé sur notre lieu de stationnement du bord de mer sa production, le contact avait été chaleureux et nous avions conservé ses références, une excellente adresse, car en plus il fait l’accueil des CC (La  ferme St Blaise à Castilly).

Nous avons retrouvé avec plaisir des lieux très agréables, le bord de mer à Vierville où l’on peut stationner à quelques mètres de la plage, paradoxalement sans interdiction et  très peu de CC, grand calme une fois les voitures parties en fin de journée.  Idem sur la presqu’île du Cotentin du Coté de Quinéville.


Arrêt incontournable à Barfleur pour déguster des moules frites. Pointe de Barfleur, cap Lévi, Cherbourg, direction cap de la Hague pointe extrême du Cotentin qui, telle une proue de navire, pourfendant le raz Blanchard des eaux de la Manche. Un peu plus au sud sur la côte ouest le Nez de Jobourg est un coin que j’ai beaucoup apprécié, une sympathique aire pour camping-cars idéalement placée, pratiquement au bord de la falaise est un lieu idéal pour de belles balades sur les sentiers du douanier.

Nous reprenons la direction du sud en suivant autant que possible la côte ouest.

On va quand même un peu accélérer l’allure pour rentrer, c’est une partie que l’on connait déjà. Donc pas de Mont Saint Michel et l’on délaisse d’autres étapes pourtant incontournables,  on plonge sur Chaumont sur Loire avec l’intention de revisiter les Jardins qui chaque année sont sur un thème différent. On pensait dormir sur le grand parking du château, mais on se heurte à une interdiction nocturne, le vigile nous explique que c’est pour des raisons de sécurité, explications qui ne nous convainc pas, dommage,  on va dormir un peu plus loin, et un peu contrarié on décide de zapper cette visite pourtant exceptionnelle.

On gagne Beauval le lendemain, et là que du bonheur, les camping-cars sont les bienvenues, accueil XXL. Une journée pour la visite du zoo est possible, mais deux serait mieux. A l’ouverture nous étions devant les portes pour un marathon jusqu’au soir à la fermeture, grosse fatigue, mais on en prend plein les yeux, vraiment du grand spectacle, beaucoup d’espace, des aménagements pour les bêtes et les visiteurs  au-delà de ce que nous espérions d’un grand zoo moderne. Vraiment une formidable réussite à user sans modération. Le spectacle des oiseaux en liberté est époustouflant, des milliers d’oiseaux enluminent le ciel, j’ai demandé à un soigneur s’il perdait des oiseaux, et bien non, et la raison est très simple. Tout ces volatiles sont nés en captivité et nourris dès la naissance par un même soigneur, qui devient naturellement leur mère nourricière puis au fil du temps leur leader ou chef de groupe.

Les zoo, ce n’est pas que pour les petits, les adultes peuvent avoir des yeux d’enfants…

Plus au sud on s’arrêtera à Nohans pour visiter le domaine de Georges Sand, femme exceptionnelle d’une grande modernité, ça donne envie de relire une partie de son œuvre.

Une dernière halte à Vallon-en-Sully entre Cher et canal du Berry.

Et voilà la boucle se termine, nous sommes au 15 août, la canicule est passée…
En relisant notre périple, je me rends compte que notre séjour a été très éclectique, c’est ce que nous aimons, vagandonder sans trop savoir ou demain nous ménera…

Catégories : Balades en France en CC | Un commentaire

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Une réflexion sur “Eté 2022: A la recherche d’un peu de fraicheur

  1. Pit

    Chouette escapade, bien racontée et joliment illustrée !
    Merci pour le partage.

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