Pour cette année 2013, nous avons décidé de retourner dans le massif des Grisons, nous y étions allés en 2000, mais le mauvais temps ne nous avait pas permis de profiter pleinement de ce superbe massif.Le massif des Grisons est situé dans le Sud-Est de la Suisse avec au Nord le Liechtenstein et l’Autriche et à l’Est l’Italie. Notre choix s’est porté sur une vallée située au Nord du Julierpass et à l’Ouest de St Moritz, le Val Bever . Le massif le plus connu mais aussi le plus difficile pour la randonnée et le massif de la Bernina que nous avions visité étant beaucoup plus jeunes.
Début du raid ce samedi 30 mars 2013 et c’est le 24ième de la série. Véro a parfaitement réglé tous les problèmes logistiques, itinéraire, réservations, éventail des randonnées possibles. Depuis Grenoble, c’est par le tunnel du Mt Cenis, l’Italie, Turin, Milan et le lac de Côme que nous rejoignons la frontière Suisse pour atteindre St Moritz. C’est à Bever, petit hameau situé quelques kilomètres plus au Nord Est que nous passerons notre première nuit à la pension Korsonek.
Au programme pour ce dimanche 31 mars, rejoindre le refuge Jenatsch situé en plein cœur du Val Bever au carrefour de plusieurs majestueux vallons. Nous y séjournerons pour la semaine, c’est donc un raid en étoile que nous ferons cette année. Eh oui ! l’âge moyen de notre troupe commence a prendre de la hauteur, un raid cool dans un endroit taillé pour la randonnée sera parfait.
Nous avons l’autorisation de laisser nos voitures sur le parking de l’auberge pour la semaine et nous rejoignons le centre de St Moritz en bus. De là un funiculaire nous permet de rejoindre le téléférique qui nous hisse au Piz Nair 3056m point de départ de notre traversée en direction du refuge (Tracé rouge).
Le temps n’est pas beau, il neigeote. L’itinéraire pour atteindre le refuge n’est pas direct, c’est une traversée, il faudra mettre et enlever les peaux de phoques plusieurs fois. Par une première descente nous rejoignons le Pass Suvretta à 2615m puis nous chaussons les peaux pour remonter au col Forka Suvretta à 2968m entre le Piz Suvretta et le Corn Suvretta. La visibilité est mauvaise, la neige fraîche importante et les pentes assez raides nous font poser quelques questions, faut-il rebrousser chemin pour remettre à demain la traversée?
Finalement avec beaucoup de prudence nous progressons et nous atteignons sans encombre le refuge Jenatsch situé à 2600m.
Le retour des éclaircies en milieu d’après midi présage d’une belle semaine, malheureusement l’accueil au refuge n’est pas des plus chaleureux. Bien que nous ayons réservé depuis plus de 3 mois, nous sommes relégués au sous sol à coté des réserves dans un dortoir sans fenêtre au grand mécontentement de Véro qui le fait savoir à la gardienne, ce sera le début d’une semaine de ″soupe à la grimace″ avec les autorités des lieux (Quoi ! des petites Français qui se plaignent, ils n’ont qu’a rester chez eux…, nous fait comprendre la gardienne qui ne nous parle qu’en Anglais alors qu’elle s’est exprimée en Français avec des Suisses francophones). Le lendemain elle acceptera finalement que nous occupions un dortoir beaucoup plus confortable situé au 1er étage, mais le mal était fait.
Bon ! oublions l’incident et passons au vif du sujet. Les dénivelés des différentes courses programmées ne sont pas très importants grâce à l’altitude conséquente du refuge.
Le grand beau temps est là et la course d’aujourd’hui 1er avril est le Piz d’Err qui culmine à 3380m au Nord Ouest du refuge (Tracé bleu).
La neige fraiche promet de faire du bon ski. Effectivement le vallon emprunté est magnifique, nous laissons d’abord sur notre gauche le vallon et le glacier Valdret Calderas qui monte au Tschima Da Flix 3310m, seule vraie rando que nous avions pu faire il y a 13 ans.
Vers 2900m nous obliquons légèrement à l’ouest pour prendre pieds sur le glacier Valdret D’Err qui conduit en arc de cercle vers un ‘pass’ entre le Corn Jenatsch et une antécime du Piz d’Err que nous atteindrons par une belle pente de neige en face Nord.
Nous redescendons par sa face sud, La neige est un vrai régal, il ne faut pas beaucoup de skieurs pour ravager un beau champ de neige immaculé, surtout si chacun veut faire sa trace.
Mardi 2 avril, l’objectif est le Piz Traunter Ovas 3152m situé au sud du refuge (tracé vert). Nous remontons une petite partie du vallon qui conduit au col d’Agnel,
puis par un cheminement facile nous louvoyons entre quelques faces plus redressées pour arriver sur la belle pente finale qui conduit au sommet que nous atteindrons à pieds depuis le col par une arête neigeuse.
Chacun peut aussi faire sa trace en redescendant avec parfois quelques chutes.
Pose casse croute et sieste au soleil pour certains.
En parallèle petit exercice d’ARVA (Appareil de Recherche de victimes d’Avalanches). Traditionnellement, chaque année nous faisons un tel exercice qui consiste à enfouir un ARVA dans la neige en mode émission (simulant une victime enfouie sous une avalanche) et à le rechercher. Chacun d’entre nous est équipé d’un tel appareil branché en mode émission pendant la durée de la course et que l’on bascule en mode réception pour effectuer les recherches de skieurs enfouis.
Mercredi 3 avril, direction plein sud, le Piz d’Agnel 3205m (tracé orange). Nous remontons une grande partie du vallon qui conduit au col Agnel.
Vers 2900m à l’attaque du glacier, nous obliquons légèrement vers l’ouest pour atteindre le furka da Flix, col situé à 3050m avant de suivre l’arête qui conduit au sommet du Piz d’Agnel. Pour parcourir cette arête somme toute débonnaire mais pas skiable, nous chaussons les crampons et formons trois cordées.
Du sommet nous jouissons d’un point de vue extraordinaire sur toutes les Alpes Suisse et ses proches sommets prestigieux.
Jeudi 4 avril. Nous avions programmé le Piz Jenatsch, mais pour atteindre le vallon qui conduit au sommet et pour ne pas trop redescendre dans la vallée, il faudrait emprunter un cheminement à travers des barres rocheuses qui ne nous inspirent pas trop. On change notre programme. En montant au Piz Traunter Ovas avant hier, nous avions admiré une belle pente neigeuse qui conduit au Piz Surgonda 3196m par sa face Nord, ce sera la course d’aujourd’hui (Tracé violet).
Au lieu d’y aller directement, nous remontons le vallon qui conduit au col Agnel que nous atteignons facilement, petit moment nostalgique, c’est par ce col et ce vallon que nous étions arrivés treize ans plus tôt en venant du col routier JulierPass où nous avions laissé nos véhicules.
Petite pause pour se remémorer de vieux souvenirs et penser aux quelques absents qui l’âge faisant son œuvre ont définitivement rangés leurs matériels de skis de randos. J’en décompte six si je ne me trompe pas (Salut à Max, Michel, Yves, Irène, Marcel, HenriB)
Il y a un peu de sang neuf dans le groupe depuis son origine, en particulier notre jeune Américaine Melinda, ami de Véro, qui vient de Chicago. Très sportive et très bonne skieuse de piste, elle a seulement commencé le ski de rando l’année dernière avec nous et a vite pris gout à cette discipline. Elle prend une grosse semaine de congés et fait le voyage pour se joindre à nous. C’est la plus jeune du groupe, elle s’est parfaitement intégré, elle est formidable.
Après ce petit pèlerinage, nous rebroussons pratiquement notre chemin en empruntant en légère ascendance le flanc droit du vallon d’Agnel (tracé violet sur la carte) pour nous permettre de prendre pied par un large crochet sur le glacier qui conduit au sommet du Piz Surgonda. Nous parcourons les quelques dizaines de mètres qui conduisent au sommet sans les crampons.
La neige est toujours aussi bonne, c’est vrai que nous avons gardé les orientations Nord pour les dernières courses. Elle est restée très poudreuse bien qu’un petit voile blanc commence à apparaître dans le ciel.
Vendredi 5 avril. Retour dans la vallée (itinéraire noir), fin du raid et du grand beau temps. Il s’est un peu radouci, et une neige très lourde est tombée dans la nuit. Bien qu’il n’y ait en théorie plus qu’à se laisser glisser en fond de vallée, ce ne sera pas une grande partie de plaisir, la neige n’est pas bonne, la visibilité très médiocre avec même des nappes de brouillard, de plus nos sacs ont retrouvé un certain poids et les virages sont moins faciles à négocier dans ces conditions. C’est le Val Bever qu’il faut redescendre, un peu plus de 7km pour un peu plus de 800m de dénivelé, la pente moyenne n’est donc pas excessive et il faudra souvent pousser sur les bâtons avec cette neige collante. Heureusement nous en aurons jusqu’en bas, ce qui nous évitera une marche qui aurait été moins rapide et encore plus fastidieuse.
Nous atteignons la petite gare ferroviaire au lieu dit Spinas en sortie d’un tunnel. C’est une gare automatique, il faut appuyer sur un bouton pour que le train s’arrête. De là, le train nous conduira à St Moritz.
Les chauffeurs vont récupérer les voitures et après avoir remis une tenue civile, nous reprenons la route par l’itinéraire inverse de l’aller avec arrêt à Suse pour un dernier repas en commun.
Voilà, fin d’un beau raid parfaitement réussi, nous sommes arrivés avec un temps mitigé, nous repartons avec un temps maussade, entre les deux du grand beau temps et une neige extraordinaire, de quoi nous laisser un très bon souvenir.
Pendant les longues soirées au refuge nous avons réfléchi à notre prochaine destination. Ce sera le Val Maira en Italie situé de l’autre coté de la ligne de crête de l’Ubaye et du col de Larche. Il ne reste plus qu’à le programmer dans le détail. Rendez-vous l’année prochaine….
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